Camp de Thiaroye, un film qui vous prend aux tripes.

Le Clap est donné ce jeudi 09 octobre 2014 à 20h30 à Malakoff par M. Clavel de l’Association ACCA (Agir Contre le Colonialisme Aujourd’hui) en présence de Madame Catherine Margaté, Maire de Malakoff, dont la présence souligne l’importance de cette manifestation mémorielle célébrant les 70 ans de la libération. Le cinéma Marcel PAGNOL donnait ainsi le départ des commémorations en hommage aux tirailleurs africains avec la projection du film du cinéaste sénégalais, Ousmane Sembene « Camp de Thiaroye ».

Le public a répondu présent à ce premier rendez-vous marquant le début des commémorations avec un événement cinématographique au cœur de la thématique. «Camp de Thiaroye », un film poignant qui met en scène le retour héroïque à Thiaroye (banlieue de Dakar) des soldats africains originaires de différents pays de l'Afrique-Occidentale française, partis libérer la France des Nazis. Ce camp militaire dit camp de transit devait être l’ultime étape du périple guerrier qui conduisit les tirailleurs sur tous les théâtres d’opération d’Afrique et d’Europe jusqu’aux sinistres camps de concentration.

La vie au camp de Thiaroye avant la démobilisation annoncée a montré des hommes transformés par l’épreuve et l’horreur de la guerre, mais aussi par l’expérience d’un esprit de corps et d’une solidarité nourrie d’une conscience de soi.
Combattre un ennemi commun en frères d’armes aux cotés de soldats occidentaux a aussi donné l’occasion aux tirailleurs de s’imprégner de l’environnement social et culturel français, mais également de nouer des relations d’amitié et de fraternité au-delà des armes.

Le retour au bercail couplé à une « indigénisation » forcée de la hiérarchie militaire coloniale n’a pas manqué de susciter quelque émoi dans les rangs de tirailleurs. D’un coup et d’un seul les tirailleurs devaient être ramenés à leur condition d’avant le départ. Finie la tenue militaire des alliés, finie la nourriture élaborée, finis les égards dus aux soldats, finie la reconnaissance des grades ! Quid des valeurs républicaines d’égalité, de fraternité d’armes et de citoyenneté… à Thiaroye il n’y a désormais plus que des maitres et des sujets.

La réaction des tirailleurs n’a pas tardé, car à la dévaluation s’ajoutait l’humiliation et la perfidie de hauts gradés d’une autre France. La dernière scène décrit l’acte ultime de cette révolte citoyenne des tirailleurs lésés dans leur droit, auquel l’armée coloniale a répondu par un effroyable massacre transformant nuitamment, en quelques heures, le camp de Thiaroye en un cimetière à ciel ouvert. Au petit matin, ce camp funeste restituait un champ de ruine et autant de rêves brisés.

Nous sommes sortis de ce film abasourdis et hébétés par autant de violence et d’incompréhension. Il nous a fallu un moment pour qu’au pas de la porte du retour quelques paroles soient échangées entre spectateurs unis dans un même recueillement intérieur et fraternel.

L’historienne Amel Mabon était également là. Corroborant le récit macabre du cinéaste, elle prit soin de nous mettre en garde en ces termes : « ces images sont en deçà de la réalité de ce massacre ! ». Mais que va-t-elle nous révéler dans sa conférence à venir ? Que nous disent ces archives enfin exhumées ? Nous connaitrons la vérité sur le massacre de Thiaroye lors de sa conférence prévue ce samedi 11 octobre 2014 à Malakoff.


par Ousmane Sow_




En avant première, pour l'innauguration de l'événement, le Jeudi 09 octobre 2014 aura lieu la projection du film "Camp de Thiaroye" (film sénégalais de Ousmane Sembène et Thierno Faty Sow tourné en 1988. Ce film, pourtant Prix spécial du jury à la Mostra de Venise en 1988 et Prix Unicef, fut censuré pendant dix ans en France - sortie discrète à Paris le 7 janvier 1998 et pendant 3 ans au Sénégal). Il semblerait aussi que le film n'a jamais été diffusé sur une chaîne de télévision française. Il parut en DVD seulement en 2005.

Cinéma Marcel-Pagnol : 17 rue Béranger 92240 Malakoff
Caractéristiques

Nombre de salles : 1
Nombre de fauteuils : 193
Accès aux personnes à mobilité réduite : Oui